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  • Photo du rédacteurCécile Malécot

Première séance, le saut dans l'inconnu…

Dernière mise à jour : 3 oct. 2023


La première séance de graphothérapie

La première séance est toujours un défi. Je ne sais pas à l'avance si je vais trouver le chemin jusqu'à cet enfant, s'il va me laisser entrer dans son intimité.

D'emblée, je lui dis bonjour en l'appelant par son prénom.

En m'adressant toujours à lui, je remplis mon questionnaire, son nom, son adresse, le numéro de téléphone de son accompagnant… Puis vient sa classe, le nom de son école et celui de son enseignant. J'en profite pour savoir s'il aime l'école et son enseignant car l'affect a des répercussions sur l'écriture.

Je lui pose ensuite quelques questions :

- A-t-il des lunettes et pourquoi ? Est-il suivi par un orthoptiste ? La vue est un sens capital. Les problèmes de vue ont des conséquences sur le geste et sur la forme.

- Est-il suivi ou a-t-il été suivi par un orthophoniste et pourquoi ? Les problèmes de lecture et les troubles dys ont des répercussions sur l'écriture, il est crucial de les connaître avant toute prise en charge.

- Je me renseigne aussi sur d'éventuels problèmes de santé (hypotonie, TDAH, tremblements…) qui pourraient impacter le geste.

- Pourquoi est-il venu me voir et ce qu'il pense de son écriture. Souvent il me répond qu'il écrit mal, que c'est "moche". Je le rassure quant à l'esthétisme (surtout si c'est une fille, on fait peser sur l'écriture de ces dernières un poids esthétique énorme) en lui expliquant que l'écriture n'a pas vocation à être belle, qu'elle doit être à son service et pas l'inverse, qu'il ne doit laisser personne dire que son écriture n'est pas belle, que ce n'est pas un critère acceptable, qu'elle n'est qu'un outil qui doit être lisible, rien de plus. Je note avec soin toutes ses remarques.

Puis j'entre dans le vif du sujet. Les trois questions qui suivent vont me renseigner sur les problèmes qu'il rencontre avec l'écriture.

1 - À l'école quand tu écris, finis-tu dans les premiers, en même temps que tout le monde ou dans les derniers ? Je demande aussi à l'accompagnant ses constatations sur la vitesse de l'enfant. Si l'enfant et l'accompagnant me signalent une lenteur, je la note mais je ne fais pas de test pour la quantifier. Connaître précisément la vitesse (le nombre de lettres qu'il écrit par minute) ne me donnera rien pour conduire ma rééducation. Faire un test de vitesse sera une fatigue inutile pour l'enfant. En revanche, quand je le ferai écrire, je noterai pourquoi il est lent, là est l'information dont j'ai besoin.

2 – Es-tu lisible, réussis-tu à te relire, les autres réussissent-ils à te relire ? Bien souvent l'enfant répond "oui" et l'accompagnant fait une grimace ! J'explique à ce moment le rôle de l'écriture, moyen de communication, à l'enfant. Cet outil lui sert à communiquer avec son enseignant, et comme c'est l'enseignant qui met les notes, cet outil doit être ultra-performant !

3 – As-tu des douleurs quand tu écris ? Douleurs dans les doigts, la main, le poignet, le bras ou le dos ? Souvent on me répond "oui, j'ai mal au poignet." Le poignet n'étant pas sollicité pour écrire, je sais alors que je vais devoir avoir une attention particulière sur la tenue et le maniement du crayon.

Je regarde ensuite les cahiers en commençant par le plus récent. Avant d'ouvrir ce dernier, je préviens l'enfant : "Tout ce que je vais dire sur ton écriture, les problèmes que je vais trouver, les défauts qu'elle comporte, tout cela, ce n'est pas de ta faute, on t'a appris à écrire, tu n'as pas appris seul, et ce n'est pas non plus de la faute de tes enseignants, eux ne connaissent pas bien l'écriture car on ne les forme pas à l'école des enseignants. D'accord ?"

Je regarde le cahier et, comme D. Dumont me l'a conseillé lors de ma formation, je fais toujours un compliment sur la tenue de ligne ou la belle forme des boucles. Je trouve alors à ce moment les premières pistes de travail : ductus, tenue de ligne, tenue du crayon…

Je demande ensuite à l'accompagnant d'aller patienter dans la salle d'attente et je fais écrire un court texte à mon petit client. Quatre à cinq lignes suffisent pour voir les problèmes de tenue et de maniement du crayon, de ductus, pour constater la vivacité ou la lenteur d'un trait… J'examine sa façon de gérer le mouvement, la forme et l'espace et les interactions entre ces trois composantes de l'écriture pour établir un diagnostic précis. Je note tous les problèmes que je constate dans un tableau qui sera le fil conducteur de ma rééducation. Je n'ai pas besoin de faire écrire longtemps l'enfant, souvent ce que je vois dès le départ est édifiant. De plus s'il est venu me voir, c'est qu'il a un problème avec son écriture, le faire écrire plus le fera souffrir inutilement et ne me donnera pas davantage d'informations à part celles évidentes qu'au bout de cinq minutes, il n'en peut plus, il a mal et que son écriture s'est détériorée, ce que j'ai déjà vu dans ses cahiers !

Le texte écrit, on passe directement à la première séance de rééducation, qui commence dans 95 % des cas par une remédiation de la tenue du crayon et de son maniement.

À la fin de cette séance, l'enfant peut montrer à son accompagnant les changements qu'il a déjà opéré, c'est très gratifiant pour lui, important pour son estime de soi et pour la confiance qu'il pourra m'accorder. Je lui demande toujours si je ne l'ai pas trop "torturé" et s'il reviendra me voir et la réponse est en général un éclat de rire. Je sais alors que nous pourrons essayer ensemble de soigner son écriture…



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